Nous prenons la route au petit matin pour monter plus au nord dans la deuxième plus grande ville du Népal : Pokhara. Avant d'y arriver il nous faut vous raconter la route pour s'y rendre. Ici aussi les heures de bus ne sont pas représentatives des distances parcourues. Nous mettons donc 6h pour faire 100km ! Mais les conditions ne sont pas si terribles. On vous explique ! Autant les heures de bus ou de train pouvaient être longues et ennuyeuses à la fin de l'Inde car les paysages se ressemblent, autant là on ne se plaint pas et on apprécie la vue qui s'offre à nous. Déjà le contexte, vous vous souvenez que le Népal a été touché par 2 violents séismes à quelques semaines d'intervalle en 2015. Le pays ne s'en est pas encore remis et on le ressentira pendant tout le voyage, on vous en reparlera aussi ! Et une des conséquences est bien évidemment l'état des routes. Certaines compagnies de bus ont arrêté de faire la liaison entre Chitwan et Pokhara à cause du mauvais état de la route. Imaginez une route de montagne assez sinueuse, d'un côté une rivière et de l'autre le versant de la montagne bien fragilisé, au milieu une route de cailloux, de trous, de creux, de nids de poule et de poussière. Les véhicules sont donc obligés de rouler très lentement (20 à 40km/h) voir de carrément s'arrêter pour laisser passer la file d'en face quand la route n'est pas assez large ! Rajoutez un trafic monstre de bus, camions, voitures et moto en tout genre... Vous avez un joyeux bordel qui nécessite une conduite prudente et de nombreuses coupures de contact. Ce qui ne déplait pas à Julie qui prend des photos et peut exceptionnellement lire dans le bus sans être malade ! La vie s'organise autour de cette unique route qui relie la vallée du Teraï aux deux grandes villes du pays. La rivière qui coule au milieu de la montagne passe du vert au bleu avec un nuancier de gris impressionnant. La terre est très calcaire ce qui donne au sable cette couleur blanche et permet aux eaux des rivières de conserver une belle teinte bleue. Sur le versant opposé, de nombreux petits villages posés à flan de montagne semblent vivre paisiblement loin du brouhaha de la route. Ils sont reliés par des pont suspendus super stable qui leur permet d'accéder très facilement aux autres "villages" qui bordent la route. Là c'est beaucoup moins serein, enfin c'est notre impression, parce que les habitants n'ont pas l'air stressé de vivre au milieu de ce capharnaüm incessant. Les maisons font toutes restaurant ou magasin, ça bricole des voitures, ça cuisine dans des fours en terre, ça fait sa toilette puis sa lessive dans une bassine à la vue de tous... Bref, la vie ! Et après quelques heures de ces bouts de vie à ciel ouvert, nous approchons de Pokhara d'où nous apercevons enfin les fameux sommets Himalayens ! Une fois arrivés à destination, nous esquivons les rickschaws rabatteurs pour les hôtels afin d'économiser quelques roupies, nous trouvons une chambre avec vue sur le Machapuchare, le plus haut sommet "non praticable" d'Himalaya. Parfait pour voir le soleil se lever au petit matin sans quitter sa chambre ! Nous voilà donc installés pour une bonne semaine dans cette ville qui malgrè son côté très touristique est assez paisible et offre de nombreuses possibilités. Pour nous ce sera restaurant un peu plus occidentaux, gâteaux plus ou moins réussis, vélo, shopping, yoga et trekking. Pas forcément dans l'ordre. Après avoir alourdi notre sac et allégé notre porte-monnaie d'une centaine d'euros pour nous équiper pour le froid et le trek, et avoir exploré en long, en large et en travers la rue principale de Pokhara et ses rues adjacentes. Nous partons en vélo à la découverte du lac et de ses villages beaucoup moins touristique. Le lac entouré de montagne s'étend sur 4,4 km et nous n'en ferons pas le tour complet, car c'est trop compliqué de traverser des marécages en vélo (oui on sait, on n'est pas joueurs...) mais la balade est très agréable. Les habitants nous sourient, les buffles nous épient, une fête mystérieuse bat son plein sur la rive ! On reste un moment à observer le manège des parapentes qui atterrissent en se demandant si nous aurons la chance d'être à leur place dans quelques jours si les nuages se dissipent. On vous le dit de suite, nous n'avons pas sauté ! Grosse déception, surtout pour Julie qui attend ça depuis son anniversaire (celui de l'année dernière...) mais malgré des conditions excellentes pour sauter (Les courants chauds, froids.. ) nous n'avions pas de vue jusqu'à notre départ. Nous n'avions pas envie de dépenser la même somme qu'en France pour ne pas profiter de la vue magique sur l'Himalaya. Peut-être trouverons-nous une autre occasion lors du voyage ou à notre retour ? Par contre, nous sommes passés aux choses sérieuses car qui dit Népal dit TREK ! Après moult négociations et compromis, nous nous mettons d'accord pour partir sur 3-4 jours faire un trek réputé pour être accessible à tous et simple avec des tronçons de marche de maximum cinq heures par jour ! Nous sommes équipés comme des chefs avec du North Face made in China, nous avons récupérés Zoé (notre colocataire de la rainforest) comme compagne de trek et nous sommes motivés pour voir des paysage de fou à plus de 2300m d'altitude ! Notre première journée débute sur les rives du lac de Pokhara à 850m, après une traversée du lac en barque et une montée bien rude d'une heure trente en compagnie de Linda, sexagénaire américaine hyper dynamique et très sympa et Josh, australien "mignon" qui accompagne Zoé jusqu'au sommet. Après une première pause KitKat, un tour de l'énorme stupa de la paix qui surplombe la ville, nous nous séparons des deux acolytes anglophones et gardons notre Anglaise de compétition, en route pour Bhundi, village étape à 1530m d'alt. Les habitants sont toujours ravis de nous confirmer la route dans un Anglais approximatif. Les habitants sont toujours ravis de nous confirmer la route dans un Anglais approximatif. Les habitants de cette montagne sont des Gurund (vous en faites ce que vous voulez...). Arrivée six heures plus tard à la maison de thé (nom donné aux gîtes sur les routes de trekking) alors que nous avions prévu d'en marcher quatre, nous apprécions une bière du marcheur sur le toit de la maison avec, à la clé la récompense de la journée : une éclaircie qui nous dévoile une vue superbe sur les Annapurna et le Machapuchare. Au repas, Dhal bath fait maison (le thali népalais qui se compose de Riz, soupe de lentille et curry de légumes) pour le souper et pancake de millet au miel maison pour le petit dej... hummmmmmm ! Le miel est fait par les abeilles de la famille, dans un village un peu plus bas dans la montagne. Notre hôte Malay daï fait également office d'épicier du village, il vit seul et semble être heureux de partager de courts moments avec les trekkeurs. La deuxième journée promet d'être intense. Au programme sept heures de marche à travers la jungle. En gros, si on se perd, seuls les arbres et les rochers pourront nous indiquer la direction... Ou pas ! Rajoutez à cela une première heure de montée abrupte sur des marches énormes et des cailloux glissant, le tout sans horizon dû à l'épais brouillard qui ne nous quitte pas depuis cinq jours, vous obtiendrez une Julie ronchon et démotivée qui râle dans les règles de l'art ! Heureusement que doudou est là pour la soutenir ! Chemin faisant, la route devient plus facile, nous entrons au cœur de la jungle, l'humeur maussade se dissipe, (pas le brouillard) et nous arrivons au milieu d'une végétation luxuriante. Arthur est impressionné par les différents verts qui peuvent composer la jungle et est heureux de mettre en application les nombreuses connaissances apprises dans son livre sur la vie des arbres. Nous ne croisons pas un habitant durant cette journée et nous apprécions terriblement notre arrivée à Panchase Bhanjyang (Bhanjyang veut dire village en népalais, ça aussi vous en faite ce que vous voulez) à 2030m avant le coucher du soleil. Juste à temps pour profiter des derniers rayons du soleil qui nous réchauffent le visage en buvant la bière du trekkeur en compagnie de deux frangins breizhou. La maison de thé où nous nous arrêtons mérite son petit paragraphe rien qu'à elle. Happy Earth est le premier gite à avoir ouvert dans le village il y a vingt-six ans. À l'origine de cette accueillante maison, trois sœurs entre 60 et 35 ans toutes célibataires. Quand on leur demande pourquoi il n'y a pas d'homme à leur côté, elles répondent qu'elles aiment trop leur liberté, qu'elles aiment faire ce qu'elles veulent, qu'elles n'ont pas envie de travailler pour donner leur argent à leurs maris... Bref, des femmes qui, pour ne pas subir les carcans de leur société patriarcale, ont choisi le célibat ! Au moins comme ça elles sont peinardes ! Nous discutons surtout avec Maya, la plus jeune, qui est pleine de vie et remplie la maison de son rire décomplexé. Elle nous sort plusieurs mots en français de derrière les fagots et donne un doux nom à Arthur : baloo Daï. Car pour la petite histoire, le baloo du livre de la jungle écrit par Kipling est simplement la traduction d'ours en népalais. Et daï c'est l'homme mais avec un niveau de hiérarchie et d'âge intégré dans la formule. La maison traditionnelle, quant à elle, est parfaitement intégrée au paysage. Le hameau tout entier est fait en pierre et bois. Quel plaisir de voir ce type d'architecture après des mois passés à voir principalement du béton ! Malheureusement les vielles maisons ont toutes, leurs lots de problèmes. Pour n'en citer que deux, on parlera de la cuisine qui est complétement noir de suie à cause de ,la cuisine au feu de bois (toxique et mauvaise pour la santé) et la deuxième, moins grave, plus anecdotique mais pas moins ennuyeuses, les trous dans la toiture qui laisse passer les gouttes d'eau pendant les moussons et réveillent Maya au milieu de la nuit car son lit est juste en dessous... Raconté par elle, effet garanti ! Enfin, le dernier jour !!!! On se lève aux aurores en espérant voir le lever de soleil sur les montagnes. On obtiendra de timides changements de couleurs ocres et rosés...Mais pas le spectacle de fou qui incitera Julie et Zoé à grimper les milliers de marches qui mènent au sommet du Panchase à 2517m ! Trop c'est trop ! Nous nous donnons rendez vous à Bhadaure, en aval, quelques heures plus tard pour continuer la journée. Nous nous séparons donc pour la première fois en soixante-deux jours ! Arthur grimpe jusqu'au sommet au pas de course, puis plus tranquillement, pour tenter d'apercevoir LA vue que nous attendions tout au long de ce trek. Et il est plus que récompenser par ses efforts. Au sommet l'attendent une mer de nuage infini et une vue de folie sur l'ensemble du massif des Annapurna ! Julie se contentera de la photo... Mais sans regret car l'ascension et la descente n'étaient pas de tout repos et aura certainement était beaucoup moins rapide avec les filles dans son sillon. Une fois réunis et requinqués par un énième Dhal Bhat, nous décidons de poursuivre notre chemin jusqu'à la route qui nous ramène à Pokhara en bus. Cette dernière partie de chemin traverse des villages traditionnels où les femmes tissent des nattes en pailles, les enfants font la sieste dans des landaus en osiers, les hommes jardinent dans leurs potagers et les animaux se baladent dans les rues. Une fin de trek agréable sur des tronçons facile où le soleil pointe timidement le bout de son nez. Voilà, trois jours à marcher entre cinq et sept heures par jour, c'est fait !!! On verra si on le refait (là, c'est Julie qui parle vous l'avez compris Arthur lui, il est méga chaud pour revenir faire le tour des Annapurna ou autre trek de quinze jours, plus tard dans la vie...). Nous regagnons notre auberge où nous passons une dernière journée le temps de reprendre nos esprits, de faire une petite session de yoga, de commencer à sentir les courbatures et de faire les comptes pour se rendre compte que manger des gâteaux ça coûte plus cher que de manger dhal bath. Finis la vie d'occidentaux, retour à la dure ! En route pour la vallée de Katmandou et une semaine de volontariat à la Sunrise Farm.
4 Commentaires
anet
2/27/2018 01:55:17
Superbes les photos et bravo pour le trek! Heureusement que tu t etais entraine dans les cradles Mountains! Tu me laisses un bout de gateau? :)
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Les doudous
3/6/2018 01:38:08
Merci ma belette ;-) j'en te prépare un trek et un gateau pour l'Indonésie ... puis qu'on s'est entrainé au Cradles hihihi
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Léo
2/28/2018 09:52:32
Super photos !!! Merci pour la carte. Et la Thaïlande,c'est bien? Tu as à trouvè la chaleur? Bisous. Léo et tous la famille
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Julie & Arthur
3/6/2018 01:40:14
Merci bonhomme, contente que ce soit arrivé a destination, ça fait plaisir que tu suives notre aventure :-) peut être que ça te donnera la goût du voyage comme nous (et ton papa quand il était plus jeune)!
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