C'est en descendant du bus que nous rencontrons les premières Mhongs qui représentent une de minorité ethnique du Viêtnam. Ici, pour gagner leurs vies, elles proposent leurs services en tant que guide. Nous faisons la connaissance de Dom qui nous explique comment fonctionne le tourisme dans cette région. Les agences de voyages embauchent des femmes des minorités pour accompagner les touristes en trek et les emmener dans des homestay voir directement chez elle. Pour ça, ils facturent entre 150 et 250 € par personne pour 2 à 3 jours. La majorité de cette argent revient à l'agence de voyage et 11 € est versé aux guides et aux hôtes (peu importe le nombre de personne dans le groupe). C'est donc en prenant en compte tout ces paramètres que nous partons à la découverte de la ville de Sapa et de ses agences de voyage pour nous décider sur l'option la plus juste. La ville de Sapa est un gros village de montagne qui s'est développé depuis une dizaine d'années afin d'accueillir le flot toujours grossissant de touriste. D'un lieu d'échange et de commerce pour les minorités avec ses marchés artisanaux hebdomadaire, c'est devenu une ville pleine d'hôtel et restaurant en béton pour accueillir Vietnamiens, Chinois, Occidentaux et autres voyageurs en tout genre. La ville garde un peu de charme, mais certainement moins qu'elle n'en a eu. Nous décidons donc de rappeler Dom pour faire deux jours et une nuit de marche dans la montagne à travers rizières et les villages traditionnels. Nous partons en début de matinée, avec la belle fille de Dom et son bébé de 4 mois en bandoulière, pour 3 h de marche. Nous sommes un peu déçu de ne pas marcher avec Dom, qui avait fait très bonne impression à Julie et qui se débrouille assez bien en anglais. À la place, nous nous contenterons de suivre la jeune fille qui marche dix mètres devant nous, parle très, à la fois parce que son niveau d'anglais ne lui permet pas, mais aussi par timidité. Les paysages sont moins spectaculaires qu'on ne l'espérait. On avait cru comprendre qu'à cette période les rizières étaient verdoyantes et brillaient de mille nuances. Mais le riz n'est pas encore repiqué de ce côté de la vallée nous n'aurons donc que des champs marron-vert très pales. Nous traversons des villages et rencontrons des hommes et femmes de différentes minorités, ils sont reconnaissables à leurs tenues traditionnelles. Ici, les femmes fabriquent elles-mêmes leurs vêtements, essentiellement en chanvre en utilisant les méthodes de Batik (dessin fait avec de la cire pour préserver le tissu de la coloration afin de donner du relief, du contraste et des motifs aux tissus). Les femmes, surtout, portent encore leurs tenues alors que les hommes sont habillés comme le reste du monde. Nous arrivons à destination dans le village de nos hôtes en début d'après-midi sous les salutations des enfants. La famille de Dom vit dans une maison des plus rustique qui consiste en une grande grange avec sol en terre battue. Tous vivent, stockent, cuisinent ici. La cuisine est un foyer de bois qui enfume une grande partie de la maison et recouvre entièrement de suie le plafond de la partie cuisine. La tentation est grande de rester pour leur construire un four en terre qui préserverait leur santé et leur ferait économiser du bois. Mais nous avons déjà nos billets pour la prochaine destination et nous ne nous sentons pas forcement à notre place. De retour des champs, nous partageons le repas du soir avec Dom et prenons le temps de discuter autour du fameux "happy wine", l'alcool de riz local ! Il est évident que malgré l'extrême pauvreté, les gens sont heureux de partager leur vie avec nous. Pour comprendre d'ailleurs les conditions de vie des minorités ethniques au Viêtnam, il faut faire une pause récit de voyage et vous en dire un peu plus sur la situation. Il faut déjà savoir qu'il y a plus de 500 minorités dans ce pays ! Ils viennent essentiellement des pays frontaliers tel que la Chine, le Laos où le Cambodge (Mais il y a très longtemps.. C'est deux, trois voir quatre générations.) la plus grosse partie de ces communautés vivent dans les montagnes du nord au nord-ouest du pays. C'est d'ailleurs dans une de ces communautés que Julie avait fait son volontariat six ans plus tôt. Ces populations ne sont pas vraiment considérées par le gouvernement et le reste des Vietnamiens qui sont eux issues la majorité ethnique des Viets. Ils n'ont donc pas les mêmes droits que les autres vietnamiens malgré la nationalité (quand ils sont recensés). Ils n'ont pas accès aux soins, à l'emploi, aux logements... Bref aux différents droits auxquels ils pourraient prétendre. En discutant avec Dom, Julie comprend qu'aucune campagne de planification n'est mise en place dans les villages. Elles ne savent pas vraiment ce qu'est une pilule, alors l'implant ou le stérilet, c'est complétement conceptuel. Les femmes ont donc entre quatre et huit enfants. Et quand elles ne peuvent plus, elles avortent (plusieurs fois si besoin !) du coup pour gagner de quoi nourrir toutes ces petites familles et payer les fournitures scolaires, les forfaits de téléphone, l'électricité… Ils sont agriculteurs, artisans, guide pour les femmes et dans le bâtiment ou fainéant pour les hommes. Pas facile de sortir la tête de l'eau. Les Viets sont bien contents d'utiliser leur image et leur folklore pour contenter les touristes, mais ne sont pas foutus de les payer décemment. Une histoire pas nouvelle que nous avons croisée dans d'autres pays et qu'on recroisera sûrement encore. Le deuxième jour, on s'invite à un mariage de voisins avant de reprendre la route. Tous les habitants sont invités à venir manger un bout, déposer une enveloppe d'argent, féliciter les parents des mariés et les mariés (la fille à 16 ans) et potentiellement de boire un coup (surtout les hommes !). Ici, une des traditions pour les jeunes amoureux est l'enlèvement. Le garçon fait des yeux doux à la fille, quand le moment est venu de se fiancer le garçon enlève la fille. Tout se passe bien si les familles sont originaires d'un village pas trop loin et qu'ils se réunissent pour le mariage. Mais parfois, l'enlèvement n'est pas du fait du prétendant, mais d'un réseau de mafieux et proxénètes qui les revend ensuite en Chine soit pour faire des épouses (conséquences de l'enfant unique) soit pour en faire des prostituées. Et les parents ne s'inquiètent jamais de la disparition de leur fille puisqu'ils la croient mariée et heureuse dans une autre vallée ! Mais revenons à notre trek ! Après le passage furtif au mariage, nous reprenons la route de Sapa. De ce côté de la vallée, les paysages sont beaucoup plus verdoyant et nous admirons enfin la beauté de la montagne comme nous l'avions imaginé (sans les rizières vertes quand même). Dernière journée de rando un peu fatigante pour Arthur qui se trimbale une sinusite carabinée ! Nous croisons plusieurs familles de petits cochon noir, de poulets en tous genre, de canard et même de sangliers. À chaque fois ça renvoi Julie en enfance (enfin pas vraiment parce que soyons honnête, Villejuif ce n'est pas vraiment une ferme pédagogique) qui tape dans les mains et imagine la ménagerie qu'on aura plus tard ! Nous atteignons enfin notre destination après 4 h 30 et regagnons la ville en bus local avant de rejoindre notre hôtel tout crotteux (nous, pas l'hôtel...). Le temps d'écrire un blog et de prendre une douche et nous sautons dans le bus de l'enfer pour Cat Ba... On vous retrouve au petit matin sur une île pas très loin de la baie d'Halong?
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